« Je t’aime… »

Rien que pour vous, voici un autre de mes textes. Enjoy !

 

Elle était assise, seule, dans une clairière, derrière un arbre. En train de lire, comme toujours. « Le moment idéal » pensa-t-il avec satisfaction. Mais au fond de lui, en avait-il réellement envie ? Il l’aimait. La connaissait par cœur. Pourquoi lui ferait-il du mal ? Oui, pourquoi ? Il essayait de comprendre. De se comprendre. Mais tout restait flou. Et cette voix dans sa tête résonnait toujours, de plus en plus forte. Insistante. « Tue la ». Etait-il fou ?

D’un geste lent, elle remit en place une de ses mèches derrière son oreille droite. Quelque chose à l’intérieur de lui s’agita furieusement. Il était comme une bête sauvage, avide de sang. Sans qu’il ne s’en rende compte, des larmes se mirent à couler le long de ses joues. C’était la décision la plus importante de sa vie.

Elle tourna une page de son livre. Pourquoi se torturer ? Elle allait l’abandonner de toute façon ! Comme les autres, celles qu’il avait dû tuer. A ce souvenir, il se regarda les mains. « Des mains de tueur… »Se dit-il tout bas.

Elle releva la tête, et chassa une fourmi qui grimpait le long de sa jambe dénudée. La première à mourir, elle l’avait mérité. Vraiment. Elle l’avait trompé. Dans la chambre même où ils s’étaient vus nus pour la première fois. Quand il l’avait appris, ça l’avait rendu fou. Il lui avait coupé les veines. Dans une baignoire. Suicide, en avait conclu l’enquête. Il n’avait aucun remord.

Elle referma son livre d’un geste brutal. Il sursauta. Pourquoi tant de violence dans ce geste ? Il avait envie d’aller la voir, de l’embrasser. De lui demander ce qui n’allait pas. Mais s’il le faisait, elle mourait.

Elle pleurait et se laissa aller contre l’arbre. La deuxième, c’était un accident. Personne ne savait qu’ils sortaient ensemble. Personne ne savait qu’ils se connaissaient. Ils étaient tellement différents ! Un soir, elle avait eu envie de le présenter à ses amis. Ils se disputèrent ce sujet. Il l’a gifla. Fort, trop fort. Elle bascula en arrière, se fracassa la tête sur la table du la salle à manger. Personne ne compris pourquoi elle était morte. En revoyant ces images comme un flash-back, il frissonna.

Elle s’était calmée et avait repris sa lecture. La voix se faisait plus pressante. Il mit sa tête entre ses mains. Ne pas l’écouter, l’ignorer. Il se souvenait de chaque instant qu’il avait passé avec elle. Des moments de bonheur intense. Il n’avait jamais ressenti ça avant. Pourquoi elle ? Elle l’aimait aussi, il le savait. S’il la tuait, il en mourait. Elle faisait partie de lui.

Elle se gratta le bras, et regarda autour d’elle en souriant. Elle était si belle ! Ses cheveux châtains cascadaient dans son dos et le vent jouait avec. Il ressenti une violente douleur au niveau de son ventre. Elle était si près mais si inaccessible ! Il ne voulait plus entendre la voix dans sa tête. Soudain, il se retourna et regarda dans la direction opposé à celle où elle était assise. Sa décision était prise, il essaierait de ne pas la tuer. La voix était encore plus forte, plus violente. Elle lui murmurait des horreurs à l’oreille. Un violent mal de tête lui vrillait les tempes. Résister. Il devait le faire, pour elle, pour lui, pour eux. « Pour nous ».

Ayant entendu un bruit derrière elle, elle se retourna, ne vit rien et se replongea dans sa lecture, encore une fois. Il avança. Un pas après l’autre. Son mal de tête et la voix le torturait à présent. Il n’allait pas tarder à s’évanouir. Mais pour elle, il avança. Au bout de quelques secondes, il ne put plus supporter la douleur. Il s’écroula sur le sol en poussant un hurlement. Il aurait dû le faire en silence. Elle avait entendu le cri, avait reconnu sa voix et avançait dans sa direction. Non ! Il ne fallait pas qu’elle vienne le voir ! Si elle l’approchait, elle ne s’en sortirait pas. Il essaya de se relever, mais il en était incapable. Bientôt, elle pencherait son doux visage au-dessus de lui, et mourait. Il fût pris de nausée. Sa tête lui tournait. Non, non, NON ! Il entendait ses pas, juste à côté de lui. Il ferma les yeux. Il ne voulait plus jamais les ouvrir. « Un monstre, je suis un monstre… » Pensa-t-il.

Elle posa sa main délicate sur son front. « Tout ira bien… » Il ne répondit pas. Il sentait qu’il allait bientôt l’étrangler. Sa tête lui faisait moins mal, il se sentait étrangement bien. Rassuré. Tout était bientôt fini. La voix dans sa tête s’était tu. Lorsqu’il ouvrit les yeux, elle était toujours là, au-dessus de lui. A sa grande stupeur, il n’avait plus aucune envie de la tuer. Un soulagement intense l’envahi. Il avait juste envie de la prendre dans ses bras, de la bercer, de lui dire combien il l’aimait, qu’il était désolé pour tout ce qu’il avait fait, qu’elle devait fuir et ne plus l’aimer. Il se releva. S’assis dans les feuilles. Elle déposa un baiser sur ses lèvres. Il ne comprenait pas.

Comment avait-il pu résister à la voix ? Celle qui l’avait poussé à tuer tant de personnes ? Aurait-il pu s’empêcher de commettre tous ces meurtres ? Elle le regardait avec amour et inquiétude. Elle le ramena jusqu’à sa voiture. Il ne pouvait plus se supporter. Il se haïssait. Comment avait-il pu imaginer une seule seconde l’éliminer ? Soudain, le simple fait de respirer lui parut insurmontable. Elle démarra la voiture et le déposa chez lui. Une fois dans son appartement, il écrivit une longue lettre à sa bien-aimée. Il racontait tout ce qu’il avait fait de mal dans sa vie. Les meurtres, les coups qu’il avait infligé. Il la posta. Elle arriverait dans quelques jours. En retournant dans son appartement, il avait déjà pris sa décision. En lui rendait visite le lendemain, elle le retrouva mort.

 Assise sur sa tombe, elle lisait la lettre qu’il lui avait envoyée. Elle pleurait. Tout cela était si impensable ! Elle mit la lettre dans sa poche, se leva, le visage baigné de larmes. « Je t’aime… » Puis, elle partit, sans se retourner, de ce cimetière où elle ne retournera jamais.

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