Korg

La douleur me faisait suffoquer. Pourtant, je ne devais pas relâcher mes efforts, sinon il serait perdu. Et si j’étais bien sûre d’une chose, c’est que je ne voulais pas qu’il meurt. Korg me regardait me vider de mon sang avec un air de victoire sur les lèvres. Mais ce n’était pas fini. Pas si vite. Je retirai la lame de mon ventre dans un petit cri de douleur qui le fit rire. Je me relevais avec difficulté, et je vis sur sa face de porc à quel point cela lui faisait plaisir. J’attrapai une flèche dans mon carquois, et bandai mon arc. Je tirai. La flèche ne manqua pas sa cible. Elle l’atteignit dans sa poitrine avec un bruit mat. Il la retira. Il ne saignait même pas et je sentis le découragement m’envahir. Il s’approcha vivement de moi et je pus sentir son haleine fétide sur mon visage.

“-Tu pensais vraiment m’avoir ?” me dit-il.

Je ne répondis pas et lui cracha au visage. Il me tordit le bras et mon épaule se déboita dans un craquement sinistre qui encore une fois lui arracha un sourire de satisfaction. Je souffrais tellement ! Je n’avais plus qu’une envie, laisser la mort m’emporter. Son visage s’imposa alors à moi. Malgré le sang qui coulait de ma plaie béante et la douleur que j’éprouvais, je ne devais pas flancher. Son avenir dépendait exclusivement de moi. Je ne savais plus quoi faire. Mon heure était compté. Soudain je la vis, la solution. Les autres devaient être juste au-dessus de la grotte où nous étions, Korg l’empereur du Winrsorde et moi-même, Amalia princesse du royaume de Tilm. J’aperçus un puits au–dessus de ma tête. Je devais hurler. Je ne savais pas s’ils pouvaient m’entendre avec le bruit de la bataille. Korg me tenait toujours le bras. Je pris une profonde inspiration qui me fit tousser et je poussai un hurlement. Par bonheur ma voix se répercuta contre la paroi rocheuse et remonta le long du puits.

“-Cela ne sert à rien de crier ma jolie. Strictement personne ne peut t’entendre” ! Me susurra-t-il à l’oreille.

Je ne pus m’empêcher de frissonner. Le sentir si près de moi était tout simplement insupportable. C’était l’assassin de ma mère. Et s’il me tuait, il serait également celui de mon fils. J’attendis ce qui me parut une éternité. Korg me regardait avec plaisir. Il savait que j’allais mourir et il attendait que la mort vienne me chercher. Lente et douloureuse. Voilà comment elle allait-être. Personne ne m’avait entendu. La bataille qui faisait rage dehors avait dû couvrir mon cri. Soudain, sans que je comprenne comment et pourquoi, Korg s’effondra. Après avoir aperçus la flèche qui venait de le tuer, je m’évanouis.

 

Quelques heures auparavant…

“-Lowan ! Dépêche-toi !” Criais-je à mon fils.

Nous devions fuir. Dans peu de temps, les Winrsordes allaient envahir le palais. Je devais sauver mon fils, l’unique héritier de la couronne de Tilm. Sans lui, notre royaume était perdu. Je me déguisai en homme, afin d’être plus difficilement repérable, et coupa mes longs cheveux à la va-vite. C’est avec tristesse que je vis mes belles boucles blondes tomber sur le sol. Mais je n’avais pas le choix. Je pris Lowan par la main et nous courûmes jusqu’à l’écurie le plus rapidement possible. J’entendais les bruits de la bataille se rapprocher.

“-Vite !” Lui soufflais-je.

Lorsque nous arrivâmes dans l’écurie, Nila ma plus loyale et fidèle servante nous attendait. Sans me dire un mot, elle me passa un sac de vivres, mon arc ainsi qu’un carquois remplit des plus belles flèches du pays. Lorsque je voulu la serrer dans mes bras, elle me repoussa et me montra Iona du doigt. Elle était déjà scellée. Elle nous poussa dans sa direction. Je montai la première et Lowan s’assit devant moi. Nous partîmes au galop. Une larme coula le long de ma joue. Une fois sorti de l’enceinte de la ville, nous obliquâmes vers les montagnes de Pilm. Au bout d’une demi-heure de galop ininterrompu, nous y arrivâmes. Le bruit de la bataille était de plus en plus proche. Lowan pleurait. Il avait peur. Et pour un garçon de 5 ans, tout cela était bien compliqué.

“-Ne t’inquiète pas Lowan. Tout va s’arranger. Et je suis avec toi. D’accord ?”

“-Oui, maman.”

Je laissai Iona avec regret dans une cavité de la montagne, sans l’attacher. Elle n’allait pas partir sans avoir entendu mon appel, elle avait été éduquée comme ça. Je pris Lowan sur mon dos, et commença à gravir la montagne. Les bruits de la bataille, les bruits porteurs de mort et malheur s’approchaient de plus en plus. C’est au bout de quelques minutes d’escalade que je compris. Ce n’était pas la bataille qui se rapprochait de nous, mais nous qui nous rapprochions d’elle ! C’était trop tard pour faire demi-tour. Je continuais à grimper la peur au ventre. Comment avais-je pu être aussi stupide ? Une fois arrivé au premier versant, une main me retira Lowan. Il hurla. Mais ça ne servait plus à rien. Avec ses pouvoirs d’enchanteur, le Winrsorde l’endormi. Il m’attrapa aussi. Et il cria à quelqu’un :

“-Hé, Korg ! Je fais quoi de celui… Non, de celle-là ?!”

Mon cœur se serra en entendant ce nom. Korg… Il me reconnut automatiquement.

“Ma chèèèère Amalia ! Mais comment vas-tu ? Mais, ce ne serait pas ton fils que Yunou a dans les bras ?”

Je ne répondis pas. Il s’approcha de moi. Il m’attrapa par les cheveux.

“-Pas d’inquiétudes Yunou, je m’occupe d’elle.”

Il me tira par les cheveux jusqu’à une grotte, à quelques mètres de là. Il sorti son épée, me l’enfonça dans le ventre.

Je m’évanouis.

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